Nous ne savons plus s’il fait beau ou pas. Mais nous nous réjouissons de chaque minute de jour sans une goutte. Certes, il faut reprendre la fourche pour les poireaux, éplucher la mâche et désherber les fenouils. Mais sans avoir nos superbes imperméables verts et c’est merveilleux de pouvoir entendre les oiseaux plutôt que le bruit de l’eau sur nos capuches. Progressivement nous mettons nos champs au chaud pour l’hiver. Nous éliminons les souvenirs d’été pour y mettre salades et mâches. Les épinards grossissent doucement. La tétragone rétrécit doucement. Les bettes règnent en maîtresse. Le céleri rave s’épanouit. Les courgettes disparaissent. Le temps glisse. Les journées s’étirent encore mais le repos s’approche à pas lents. Alors nous ralentissons pour qu’il nous rattrape et qu’on marche côte à côte vers l’hiver…
Avant de parler du panier, une photo de notre nouveau lieu de préparation et de distribution, sous la halle couverte du marché de Plaisir. Désormais, c’est là que nous officions, chaque jeudi.
Le choix glisse un peu, garde quelques valeurs sûres, se renouvelle, innove presque… Un panier à la croisée des chemins, entre été et automne, saupoudré d’hiver… en attendant choux et céleris (qui vous font des bisous d’impatience).
En attendant la vague de pluie, le Grand Chef a sauté sur son tracteur, kidnappé les gars et a fini d’arracher ses patates sous la Pleine Lune qui permettait une extraction comme en plein jour !
Pendant ce temps, les haricots semblaient revenir du front, suite aux nuits polaires. Les tomates font leur Princesse et ne doutent pas de notre statut d’esclave en exigeant des aérations à la hauteur de leur rang. Les poireaux sont bien visités et sont garants de notre label à eux seuls. La salade n’aime pas du tout, mais alors pas du tout, ce temps et fait grève de la feuille. Nous voyons d’un mauvais œil la multiplication des caractères princiers dans nos champs. L’éducation positive semble avoir une limite qui est notre asservissement à la cause végétale.
L’automne contamine doucement les paniers et s’étale de jour en jour en même temps que les températures descendent… On essaye de garder les tomates au chaud…
Nous étions contents de la collaboration cette dernière semaine avec nos légumes estivaux… et la météo nous a trahis ! Nos rêves brisés avec des nuits à mettre des chaussettes pour dormir !
Bref, nous attendons de constater si la prophétie se réalise et nous aviserons après pour notre humeur. En prévention, nous baissons les ouvrants des serres pour garder quelques degrés.
Et, de toute façon, l’envie de soupes se fait sentir pour le plus grand plaisir du céleri qui frétille d’être bientôt une star, et nous bichonnons courges et poireaux, même si, en y regardant de plus près, ces derniers ont déjà été visités, voire même sont habités pour certains… mais au moins, on est sûr que c’est bio !
Les cours de survie pour nos légumes se passent bien. Les tomates ont perdu 1/3 de leur végétation et, avec 2°C de plus, elles recommencent la coopération. Les haricots finissent par venir en nous menaçant de pourrir si nous n’accédons pas à leurs exigences (autant dire que leur espérance de vie est menacée…). Les céleris raves frétillent toujours de joie. Nous regardons les patates, le ciel, les patates et nous trouvons un p#tain de génie d’avoir choisi le haut du terrain pour les avoir plantés ! Même si, à regarder la météo, nos rêves d’arrachage resteront à l’état d’utopie pour le moment…
Nous n’attendrons pas le mois d’octobre pour mettre un peu de choux dans vos assiettes… Bref, c’est la rentrée, pas encore l’automne sur le calendrier mais certainement dans le champ ! Le vestige vaillant de l’été est la courgette cette année… et nous espérons qu’à couper toutes les têtes des tomates, celles qui resteront sur pied accélèreront leur rougissement !
Concombres en voie d’extinction. Haricots verts inexistants. Tomates mises en couveuse. Choux en boîte de nuit. Céleris raves en festival. Courges à gogo. L’été se barre en emportant ses nuits chaudes et nous laisse un goût de 15 novembre dans la bouche… Nous n’étions pas prêts. Mais vraiment pas.
Alors nous commençons à décapiter toutes nos tomates pour les forcer à rougir. Nous prions pour avoir plus de 1 haricot tous les 50cm à notre prochain passage. Nous scrutons les aubergines qui semblaient lancées.
Mais plus que tout, après un printemps qui n’était pas à la fête, un été où « oui, mais non », nous craignons que, comme le disait une petite fille la bouche pleine de chocolat dans une pub du siècle dernier, nos légumes continuent de trahir toute la confiance que nous avons mis à l’intérieur d’eux…