Dans les champs la gazette de Céline du 16/03/2017

Après la neige fondue, le soleil nous éclabousse de lumière. Il nous effleure la peau et laisse un petit sourire traîner sur nos lèvres. Il y a les saules qui prennent les premières feuilles. Et il y a le champ, pas vraiment sec mais qui nous tend les bras. Nous planterons les oignons, les fraisiers et les premières salades dehors. Nous sèmerons des carottes, des épinards et des fleurs. Tout cela sans oublier de croiser les doigts.

Parce qu’il y a eu l’année dernière, mais aussi 2012 et 2009 et 2007…

La magie nous aide un peu, parce que nous y croyons très fort… et aussi en notre volonté, beaucoup, et en notre talent, un peu…

D’ailleurs avons-nous fait le point sur l’année dernière ? Non ?

Alors, il est temps. Parce qu’une fois que c’est passé, c’est toujours plus facile.

2016 avait un goût de réjouissance, c’était notre troisième bonne année « à nous ». L’année qui voulait dire qu’enfin nous y arrivions sans ma mère, qu’enfin, nous étions des Grands. Le Grand Chef garde un œil à moitié ouvert et nous ne cessons de lui dire qu’à attendre le pire, il ne peut espérer le meilleur. Nous n’étions plus efficaces, nous devenions efficients. Bien sûr, il y a encore plein de rêves qui encombrent nos têtes, des erreurs qui s’accumulent et de petites victoires qui nous donnent la patate !

Et puis, l’eau est arrivée, sans s’arrêter, encore et encore. Le mois de Mai s’est refermé sur nos espoirs de réussite. Nous savions que l’année était jouée, nous ne pensions plus qu’à sauver les meubles. L’eau avait noyé les salades et les haricots jusqu’aux récoltes de mi-juillet, les oignons et les patates… Ce qui nous a beaucoup attristés, ce fut de remarquer qu’en plus, elle avait tellement tassé le sol que les plantations ultérieures à Juin se sont mal développées. Bref nous n’en menions pas large, bien heureux que certaines Amaps arrêtent durant l’été. Chacun dans notre coin, et à des moments différents, nous paniquions en nous demandant comment nous bouclerions l’année.

Alors nous avons remonté nos manches, pris notre huile de coudes, remercié le ciel de ce grand jardin qu’est Rungis pour nos marchés, adoré les personnes qui nous ont soutenu. Nous avons souri, souri, paniqué en sortant les pommes de terre avec son rendement divisé par 5. Nous avons changé le planning des Amaps, écourté nos congés de Noël, économisé nos pommes de terre, rationalisé nos ressources. Nous avons croisé encore les doigts et jusqu’à la dernière seconde, nous y avons cru (un peu). Parce qu’il n’était pas question de refaire 2012.

Et le bilan est tombé la semaine dernière. Résultat : identique à 2015, avec la foi en nous en plus.

Bref, nous avons réussi. Nous n’avons pas pleuré, nous ne sommes pas encore épuisés, nous avons eu moins de production, mais finalement, nous avons survécu… et maintenant, nous voulons jouer aux magiciens dans nos champs.

Pour le plaisir…

Merveilleuse semaine

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