Archives pour la catégorie ‘Dans les champs – la gazette de Céline’

La gazette du 24/10 au 28/10 /2016

lundi 24 octobre 2016

 

Un petit ciel gris qui mouille un peu nos os pour nous convaincre de travailler dans les serres. D’ailleurs, il y a les patates douces à arracher. Instant de vérité : était-ce une bonne idée ? La suite au prochain épisode…

    Nous sommes aussi très contents d’avoir fini la mâche en extérieur. Au moins nous serons protégés pour la cueillir !

    Il reste aussi le carré de Butternut/Patidou à récolter en serre parce qu’avec le temps de Juin, nous avions estimé que ce beau carré tout vide serait idéal pour recevoir ces courges qui sont plus longues à mûrir. Ce qui nous permet d’en avoir (allez, soyons fous !) une petite cinquantaine de chaque. Ce qui est mieux que rien !

    Nous profitons aussi de la dernière semaine d’André, qui entend le chant des Sirènes portugaises. La saison est presque finie. Il repart vers sa terre et nous laisse dans notre mauvaise saison. Donc Carlos lui a concocté un petit programme 4 étoiles à coup de bains de boue. Enfin, il lui faudra ramasser les carottes, mais avec l’accumulation des millimètres d’eau, il aura en prime une belle peau !  

 

 

Merveilleuse semaine…

La gazette du 17/10 au 21/10/2016

mardi 18 octobre 2016

    Nous le savons : plus les légumes restent dans le champ, mieux ils se conserveront. Le problème est qu’il y a des inconnus dans l’équation. Le plus hasardeux étant le facteur temps. Celui qu’il fera et celui qu’il nous restera. Parce que sur le papier, cela devrait bien se passer mais comme disait le grand-père paternel : « Le papier n’a jamais refusé l’encre ! »

    Donc nous traînons un peu. Après tout, il y a les choux pointus à repiquer, les tomates à déblayer, la tétragone à raccourcir avant le froid, des épinards à biner, les salades à planter.

    Ensuite nous passerons aux choses sérieuses (eh oui ! mine de rien Novembre n’est pas loin !). Les betteraves à rentrer, les choux blancs et rouges à stocker, les céleris à sortir du champ avant le 11 Novembre et les carottes à arracher avec nos petits radis noirs.

    Tout un programme pour nous occuper au moins jusqu’à mi-décembre… en attendant de basculer sur des jours qui rallongeront d’un saut de puce.

 Merveilleuse semaine…

La gazette du 10/10 au 14/10/2016:

mardi 11 octobre 2016

    L’été s’en est allé en nous laissant ses fruits à récolter. Pourtant, nous hésitons parce que nous savons que plus nos bébés resteront en terre, moins ils pourriront vite… mais risquent de grossir de façon déraisonnable…

    En même temps, comme il n’y a pas grand-chose pour cet hiver, peut-être que des carottes énormes ne seraient pas pour nous déplaire…

    Donc la betterave attend que nous nous décidions. Attaquons-nous maintenant ? Ou alors, il y a les quelques pommes qui font les belles, les fesses en l’air, et elles, c’est sûr, n’iront pas jusqu’en Avril à moins de les économiser.

    Gros dilemme… Nous pouvons toujours attendre une semaine ou deux, le temps de débarrasser les dernières tomates.

    Et la patate douce à sortir de terre! Une surprise que nous espérons bonne… Une aventure, bien que nos âmes d’aventuriers ont été mises à mal cette année, et que nous aimons les valeurs refuges. Mais comme nous avons tout suivi le mode d’emploi, peut-être que le résultat sera moins pire qu’en 2012 ? Ce qui n’est, entre nous, pas difficile !

 

Merveilleuse semaine…

La gazette du 03/10 au 07/10/2016

lundi 3 octobre 2016

    La forêt n’a pas encore mis sa parure d’automne, mais Laure a déjà gratté ce matin.

    Nous ne dirons pas qu’il fait froid, mais nous supportons bien la doudoune.

    Nos priorités sont donc gouvernées par le temps, et les potirons & co vont prendre leurs quartiers d’hiver. Ce sera un fol après-midi de lancer de courges pour s’entraîner en vue des choux fleurs.

    Il y a aussi Super Carlos qui vide les serres pour la salade et la mâche. Adieu tomate et basilic…

    Nous sortons les grands voiles blancs pour aider ceux qui restent en terre à pousser. N’entendez-vous pas le Grand Chef ricaner en disant qu’il l’avait bien dit ? Parce que les salades de début Septembre, elles auraient été mieux en serre qu’il disait le monsieur… Mais vous savez bien que les p’tits Jeunes n’écoutent jamais les Vieux… !

    Alors nous assumons notre jeunesse et espérons de belles journées ensoleillées…

    Certains fenouils sont jaunes et petits. Certains potirons sont bleus et moyens. Certains choux fleurs sont dentelés et en dentelle…

    Il y a la mâche à planter plus large, pour voir si c’est mieux.

    Les pommes jouent à cache-cache et nous grimpons aux arbres…

    Nous regardons l’espace vide de nos frigos en espérant qu’à défaut de pommes de terre, il y aura betteraves, carottes et céleris raves.

    Il y a le pluviomètre en haut du poteau… et moi qui attend l’eau pour transférer mon nouveau carré de vivaces avant que les couleurs des asters ne se perdent dans l’hiver.

    Nous attaquons la semaine 40, les tulipes ne devraient pas tarder. André partira à la fin du mois. Le calendrier planétaire est arrivé. Il faudra préparer 2017 pour que 2016 ne s’éteigne pas sans la toucher.

Rendre possible le printemps que Juin nous a fait claquer comme un défi… Un beau sujet d’étude, non ? 

Merveilleuse semaine…

La gazette du 26/09 au 30/09 /2016

lundi 26 septembre 2016

     Cette année, nous ne demandons pas quel calibre pour les pommes de terre et même si vous vous sentez obligés de nous préciser : « grosse », nous répondrons que c’est une option qui n’existe pas. Nous avons de la bille… et de la moins bille.

    Nous ne nous attendions pas à l’euphorie. Nous avions raison. Seulement 20 palox toutes variétés confondues soit 5 fois moins que l’année dernière qui était déjà un peu juste. Bref, la patate sera à l’économie, voire pire.

    Nous nous tournons déjà vers les collègues qui ont plus de surface (parce que cette année, il n’y avait aucun facteur chance) pour assurer nos arrières avant que le cours ne s’envole.

    Donc trois jours de machine pour ramasser les cailloux (et Antoine aurait préféré prendre les pommes de terre beaucoup moins nombreuses !) et nous voilà de retour dans le quotidien. Les serres attendent d’être vidées pour la mâche et la salade. L’herbe n’oublie pas de pousser dans nos épinards et l’heure de semer les choux pointus arrivent…

    Il y a aussi eu la petite surprise de la semaine : nos haricots ont brillé par leur mauvaise volonté à lever (un peu comme en 2013) et là, nous avions deux beaux rangs (un peu grignotés par les lapins parce qu’il ne faut pas exagérer quand même !) destinés à notre essaie machine. Mais un sanglier a décidé de nous avancer en labourant le bas du champ… enfin les rangs de haricots sont prêts à être récoltés. Bref, au lieu de la machine, ce seront nos mains qui cueilleront en catastrophe puisque tous les pieds sont arrachés…

    Ah ! Quand ça veut pas, ça veut pas ! Heureusement nos 2 planches (je laisse le mystère planer sur la longueur) de panais sont magnifiques  !!!!

 

Merveilleuse semaine…

La gazette du 12/09 au 16/09/2016

lundi 12 septembre 2016

 

Il y a ces jours chauds, où il fait bon traîner dehors. Nous flânons, doucement, au milieu des légumes. Nous profitons de la caresse du soleil. Nous bivouaquons entre deux variétés, cherchant la petite bête, arrachant l’herbe qui se rebelle. Nous regardons ce qu’il reste à faire. Nous anticipons sur ce qu’il y aura. Nous attendons les épinards, félicitons la tétragone, pensons que tout aurait pu être pire. Nous constatons que les aubergines blanches sont trop nombreuses, que les poivrons ont tous chopés des coups de soleil, que les tomates de la 3è saison ont une sale tronche… Nous savons qu’il n’y aura pas assez de pommes de terre, de potirons (et compagnie). L’agréable surprise de voir que, finalement, les céleris raves ne se sont pas noyés, que la betterave reprend du vert après avoir été jaune tout l’été. Il y a les haricots que nous avons semé, semé, semé… pour ne rien avoir. Il y a la salade qui n’a été belle qu’après avoir été plantée le 20 juin (normal puisque ce n’est pas du riz !). Il y a l’herbe dans la chicorée, les épinards à biner derrière nous. Il y a ces minutes de discussions où nous nous croisons. Des idées un peu folle, des envies de serres pour avoir des courgettes maintenant, pour avoir de vraies rotations, pour avoir chaud les jours de grisaille. Nous avons la rosée le matin, l’arrosage la journée, les collègues à cent mètres qui travaillent. La pensée qu’encore une fois, il ne faudra pas louper le printemps pour joindre les deux bouts de légumes. 

  Et puis les patates. Quinze jours où plus rien n’existe. Encore que cette année qui est pire que l’année dernière, qui était pire que 2014 qui était moins bonne que 2013, cela risque d’être rapide… ou alors non, parce que les billes passent à travers la machine, alors nous serons à tirer nos caisses pour les ramasser. Quelques heures tous ensembles à se lamenter sur le manque de patate, sur le manque de calibre, sur le manque de vent… Et aussi quelques heures à papoter, à oublier la terre et nos courbatures… 

Merveilleuse semaine…

 

La gazette du 05/09 au 09/09 2016

mardi 6 septembre 2016

Souvent quand vous nous cherchez dans les champs, il faut écouter et nous sommes là où il y a de la musique.

Avant le portable, il y avait les radios portatives (et les piles !!!). Maintenant, il y a la musique. Partout. Parfois braillant. Avec une enceinte. Souvent avec un son de mauvaise qualité. Dans nos oreilles. Au hangar, bloquée sur la seule station que nous captons. Nous nous trémoussons (parfois et seul). Il y a les chansons débiles qui font sourire et qui restent. Il y a nos humeurs. C’est aussi une façon d’échapper aux têtes à têtes avec nos légumes. Cela devient un souvenir qui nous rattrape hors de nos champs quand nous entendons un air qui nous a accompagné.

Souvent les conversations remplacent la musique. Mais seul, nous la mettons, au fond de notre poche ou dans le sac d’élastique au persil. Sur la brouette aux fleurs. Au fond de la poche d’imperméable les jours de pluie.

Imaginez : l’immensité du champ, une pluie fine tapotant sur la capuche, des haricots humides, la terre avalant vos bottes et cette petite musique, comme la promesse d’un bon moment.

Parce que la vie est plus légère en musique. Parce que le samedi soir, notre lit est plus attractif qu’une piste de danse. Parce qu’à cet instant, il n’y a personne autour de moi… sauf cette musique, un peu idiote, très souriante qui donne au lundi un air de fête malgré la bruine et tout ce qui nous attend dehors!

 

Merveilleuse semaine…

La gazette du 29 août au 02 septembre 2016

lundi 29 août 2016

Cette semaine, je mets les bouts. De l’égoïsme, un maillot, mes filles, mon mari et nous quittons les légumes.

Deux jours d’infini gris. Deux jours à ne pas entendre l’arrosage. Deux jours à respirer la mer.

Oublions la terre. Sourions à ce qu’il restera aux autres. La liste est faite. Le champ peut s’effondrer, je m’en fous. Pendant deux jours, je serai ailleurs.

Pour mieux apprécier ce qu’on a. Pour chérir ma binette. Pour compter les minutes avant votre retour de vacances.

Après tout, les choux sont propres. Les céleris aussi. Les poireaux également et mon père ne chuchote pas encore aux oreilles des pommes de terre.

Le moment est parfait.

Juste deux jours à ne rien faire, si, à rire, à manger et à rendre possible l’automne.

Deux jours à envisager le meilleur, parce que Juin a été le pire de 2016.

Deux jours à apprécier la liberté d’avant l’école.

Même si j’aurais pu les passer au milieu des légumes. Ne pas avoir d’horaire. Encore un peu, juste un peu.

Merveilleuse semaine…

La gazette du 22 au 26 août

mardi 23 août 2016

Il y a les jours où le soleil dore notre peau, où le vent danse avec les feuilles, où l’arrosage égaye nos oreilles. Il y a les jours où la pluie chante sur les serres, où les camaïeux de gris nous rappelle la Normandie, où la flaque de boue est une part d’enfance.

Mais parfois, le soleil ne fait que piquer et l’eau gouttant sur le bout de notre nez nous agacer.

Et puis, notre botte reste au fond de la boue. Alors nous rions. C’est notre vendredi.

Vous ai-je déjà raconté nos vendredis ? Parce qu’il peut y en avoir plusieurs dans une semaine…

Vendredi est le jour où nous sommes fatigués. Vous savez, ce jour où rien ne va et peu importe le sens dont nous nous y prenons. Ils surgissent sans crier gare. Nous pouvons nous cogner à tous les chambranles de porte, faire tomber une pile de légumes, glisser là où nous le savions, se retrouver tremper par la fuite (que nous surveillons toujours !) du tuyau, mettre la main dans un potiron pourri…

Et partir dans un fou rire. Rire à en perdre haleine.

Et emporter notre entourage avec nous.

C’est un peu notre weekend d’une journée, notre graine de folie, notre porte dérobée.

Donc nous rions quand nous pourrions dire : « ils ont touché le fond mais creusent encore »… mais après avoir bien râlé, parce que, quand même, la pluie qui mouille les fesses sous prétexte qu’elle n’est que passante, c’est pas d’la juste…

Merveilleuse semaine…

La gazette du 15/08 au 19/08/2016

mardi 16 août 2016

Souvent on nous dit que nos légumes sont un goût inimitable.

La terre en est certainement la responsable, mais nous aimons croire que ce sont toutes les histoires qu’ils entendent.

Parce que, mine de rien, nous passons des heures et des heures courbés sur nos légumes. Parfois seul, et il n’est pas rare de nous entendre soliloquer. Souvent en binôme, donc nous papotons de façon plutôt intimiste. Quelquefois en meute pour les gros travaux et les conversations se nouent au gré des croisements dans les rangs.

Il y a Alberto qui susurre à l’oreille de Jaja (le chien) la façon dont il le mangera, frictionné à l’huile d’olive avec de petites patates autour. Nous entendons les derniers résultats de foot ou des JO. De grandes questions existentielles planent. Les histoires de cœur. Des questions indiscrètes. De bonnes nouvelles. Des personnes qui meurent. Des rires. Des idées de goûter (souvent lancé par Alberto). Des râles de douleur. De l’agacement quand nous nous faisons encore arroser. De la « déprimitude » quand le bout du rang n’arrive pas. De la joie quand le carré est, enfin, fini.

Bref, nos légumes prennent le meilleur de notre terre, mais sont bercés par nos murmures, abreuvés de nos petits bonheurs et affinés sous notre amour.

Ce qui donne un goût inimitable…

Bonne semaine…