Archives pour la catégorie ‘Dans les champs – la gazette de Céline’

La gazette du 28 octobre au 31 octobre 2013

mercredi 30 octobre 2013

Chaque jour, la terre se vide un peu plus de ses entrailles. Sans pitié, nous l’éventrons pour en tirer ses fruits : carottes, betteraves, endives. Nos journées suivent le soleil. Sa lueur nous trouve dans le champ. Quand l’obscurité lui succède, nous rentrons près de nos poireaux. On ferme la porte pour empêcher notre chaleur de partir (bien que le temps nous soit clément). Nos yeux piquent sous les effluves du poireau. Cela rappelle l’enfance. Ces soirées où plus rien ne bougent. Mes grands-parents face à mes parents dans la salle d’épluchage, les mains sales, le tablier où tombent les feuilles abîmées, les conversations sourdes, l’odeur de la terre mélangées à celle des poireaux, notre impatience de rentrer à la maison, à mon frère et moi, la porte battante qui s’ouvrent et se ferment au rythme de nos allées et venues.

Maintenant, on pleure moins sur les poireaux. Le lavage à grand renfort d’eau atténue leur piquant. C’est plus bruyant aussi. La lumière a toujours cet aspect brumeux. L’image parait plus jeune, même si l’on se rend compte que nos âges se rapprochent des parents de nos souvenirs. Doucement, on glisse avec le temps. Nos journées d’enfance deviennent nos semaines d’adulte.

Bonne semaine.

 

La gazette du 21 au 25 octobre 2013

lundi 21 octobre 2013

Nous poursuivons notre quête d’un hiver au chaud et pour cela nous abandonnons momentanément les carottes (histoire qu’elles grossissent un peu plus…) pour les endives. Toujours la même chose : une machine, des hommes, des paniers pour rattraper les réfractaires et une journée de folie. Surtout que là, il faut trier celles qui sont montées, des autres. De plus, on a eu un bel orage hier, histoire de faire patiner les bottes. Il y a des chances que celui qui est derrière la (grosse) roue du tracteur ait le droit à un petit masque de boue à chaque mètre parcouru…

Encore une semaine agitée où le temps nous semblera compressé. Heureusement, 3 petits sherpas nous tombent du ciel la semaine prochaine. Parfait pour finir de rentrer nos oignons (au moins, ils seront propres et bien rincés…) et les choux…

Bon, et si (j’ai bien dit « et si »), il nous reste du temps, il va falloir finir de planter mâche et salade. Mais pour cela, il faut aussi débarrasser les serres des tomates, des cadavres de concombres et de ce petit persil (enfin pour moitié, l’autre est perdu dans l’herbe) qui nous a fait tout l’été. Il y a aussi un problème de bâches. Elles sont multicultures, donc chouette ! Les copines peuvent se prêter leurs bâches, sauf qu’à un moment la salade en a marre que le chou rave (qui s’est décoré d’herbe depuis le temps) squatte ses affaires et les bettes râlent parce que le zinia n’en finit pas de faire sa belle avec ses jolies couleurs ! Donc on punit (en arrachant) pour remettre de l’ordre, parce que c’est toujours la même chose : ils ne savent plus où sont leurs affaires et il faut tout racheter !

Bonne semaine.

La gazette du 14 au 18 octobre 2013

lundi 14 octobre 2013

Des températures qui nous rappellent qu’il est temps de remettre un pull et surtout de rentrer tout notre hiver au chaud.

Donc aujourd’hui, on commence par les betteraves. On hésitait un peu avec les carottes mais comme l’eau n’est pas tombée du ciel et qu’elles sont dans un endroit amoureux de nos bottes en cas de pluie, les gars ont fait une pétition pour éviter le combat de boue (parce que franchement, ils en ont déjà un toutes les semaines de l’hiver avec les poireaux, alors trop de bonheur, tue le bonheur !). Ensuite les carottes, mais j’aimerais intercaler les potirons, et en même temps, il y a les choux blancs et les choux rouges qui n’aiment pas le froid. Encore que leur nombre (inexistant ou tout comme) ne leur donne pas la priorité. On a aussi le radis noir, mais peut-être qu’un peu de paille les réchaufferont (ainsi que les mulots… qui en plus auront le garde-manger à bout de dents). Les céleris raves ont comme échéance le 11 Novembre, ce qui laisse de la marge. Et pour les navets, un voile de mariée pour l’instant.

Tout ne sera pas rentré cette semaine, et on triche un peu (enfin, on gagne du temps) en programmant un panier relativement facile. Donc pas de poireaux. Je sais, c’est les premiers froids et une bonne soupe est la bienvenue, mais réservez vos soupes quand il n’y aura que du poireau dans les paniers…

Dans tous les cas, les légumes nous attendent parce qu’ils n’ont pas plus chaud que nous et que dans les frigos, ils voient leurs copains dans la caisse d’à côté. Encore que certains sont arrachés à la terre pour y retourner en mode forçage, comme les endives, alors pour les potins, tintin…

Bonne semaine.

La gazette du 7 au 11 octobre 2013

lundi 7 octobre 2013

Nous avions vu nos courgettes réduire comme peau de chagrin, et quelques rayons, des gouttes (grosses) d’eau et les revoilà… d’accord, comme on ne les cueille plus qu’une fois par semaine, ce ne sont pas de toutes petites, mignonettes à râper, mais plutôt des belles à farcir…

Mais si ce petit temps choupinou (enfin cela dépend si on est ou pas sous les grosses gouttes) nous fait de belles courgettes, cela a le même effet sur l’herbe. Non pas qu’on s’en soit beaucoup approché ses dernières semaines (patates obligent…), mais on a un p’tit vieux qui s’ennuie chez lui et qui arrive encore à pousser le motoculteur, et qui déprime : ces belles allées toutes propres sont à nouveau sales. Et comme on n’est pas gentil, on ne se bouscule pas pour s’y jeter. En fait, on se contente de tirer la caisse dans les allées. Après tout, une fois pleine (de carottes, betteraves, radis noir, un peu moins avec les épinards parce que moins lourds…) les caisses aplatissent pas mal l’herbe. Cela vaut bien un coup de binette. Et puis, les fruits des églantines sont bien rouges, les oignons ont quelques peaux, notre grenouille nous l’a dit (comprenez le p’tit vieux, alias mon grand père de 90 ans) : il va faire froid, alors on attend le premier coup de gelée pour éliminer l’herbe. Parce que de toute façon, cette semaine, on est perché dans les arbres pour cueillir les pommes. Encore que si on a assez de patience et la loi de la gravité faisant son œuvre, les pommes finiront par tomber. Peut-être qu’en plaçant les caisses en dessous avec des coussins à l’intérieur…

Bonne semaine.

 

La gazette du 30 septembre au 4 octobre 2013

lundi 30 septembre 2013

La mission de l’année du Grand Chef étant finie, un air de vacances souffle sur l’exploitation. Nos petites patates, bien que peu nombreuses, sont… en fait, on ne sait pas. Certaines ont été très vilaines (soit 1.5 patates de rendement pour 1 plantée), d’autres très moyennes( et dans le calibre et dans la quantité), d’autres assez généreuses (et ce sont toujours les mêmes !!!!). Reste les patates douces (notre essai de l’année). Pour l’instant, on est à 30 grammes par pied, pas de quoi faire une purée (et va falloir aimer la peau si on ne veut pas faire baisser le rendement !!!).

Donc maintenant que le pivot de la SARL Renard est enfin en frigo, on pense aux autres. Parce qu’avec ce superbe temps d’automne, on se souvient qu’il y a aussi betteraves, carottes, céleris raves et radis noir à rentrer. Sans oublier que cette fois, les tomates sont vaincues par le mildiou (normal avec le temps) et qu’on les enlève doucement pour y mettre des salades.

Les choux soulèvent le terreau et nous, on cherche l’échelle pour aller aux pommes. Elles sont nombreuses (comme quoi, les pommes en l’air remplaceront peut-être les pommes de terre dans les paniers…), certaines pas très belles, certaines très habitées (au moins, vous avez la preuve qu’elles sont bio, même si rencontrer un asticot dans sa pomme est désagréable) et d’autres très mignonnes.

Et puis, il y a nos courges. Je ne crierai pas encore victoire parce que certaines manquent de maturité. Alors si dame Nature pouvait attendre 4 petites semaines avant de faire la grimace cela permettrait à quelques potirons, potimarrons et butternuts de finir tranquillement leur croissance.

Bref un temps gris ne dérange pas mes légumes, mais surtout pas de gelée… nous ne sommes pas prêts psychologiquement. Pour nous, l’hiver dernier s’est fini au 30 Juin, alors s’il pouvait attendre le 21 Décembre pour revenir…

Bonne semaine.

La gazette du 23 au 27 septembre 2013

lundi 23 septembre 2013

Il fait beau (il ne pleut pas, donc il fait beau), la machine à patates est opérationnelle et il nous manque 2 gars… et peut-être un 3è après la crise « cardiaque » de mon père. Tout ça pour dire que les patates ne sont pas encore dans le frigo. Heureusement que l’année a fait qu’elles n’étaient pas nombreuses parce qu’entre le temps, le frigo (encore un moteur de mort mais il paraît que celui-là il n’a pas encore été changé, n’empêche qu’une formation de frigoriste ne serait peut-être pas malvenue) et les absences, ce n’est pas la fête de la patate.

Sans compter qu’avec 2 en moins dès le lundi, la semaine va être longue. Vivement samedi !

Avec tout ça, je n’ai pas encore semé les choux pointus, mais nos épinards le sont. Donc peut-être auront-ils du mal à être beaux avant Février, mais cela fera toujours plus tôt que Mars.

Nos bettes ont de jolies feuilles et après une année de mauvais esprit, il y a des chances d’en avoir assez bientôt pour les paniers. Et le poireau n’attend que la fin des patates, même si les premiers sont appréciés. Comme quoi on perd à se faire connaître.

Bref, les hommes sont sur les machines avec le Grand Chef sur l’accélérateur et les femmes aux champs avec la brouette en attendant un retour au calme, qui d’après le Grand Chef se profilerait pour la semaine prochaine si tout se passe bien. Mais comme il manque déjà du monde et des patates, il ne pourra pas y avoir encore en plus une panne. Trop de bonheur tue le bonheur, et on est vraiment trop fragile…

Bonne semaine.

Que dis-tu Céline ?

Que dis-tu Céline ?

La gazette du 16 au 20 septembre 2013

mardi 17 septembre 2013

Cette année, il y a deux camps. Celui qui nous contrarie : haricot en tête, tomate, patate, le CP (bref, mes filles) et la maladie (si elle ne prend pas un tour plus définitif). Celui qui nous réjouit mais fini dans le tas de compost (parce que trop, c’est trop) : concombre, courgette.

Donc une saison mi-figue, mi-raisin. En faire plus, mais pour quoi ? En faire moins, mais si les réjouissants deviennent les agaçants ?

En attendant, on essaye de sortir nos petites patates du sol. Dur comme la pierre la semaine dernière. Amoureuse comme tout cette semaine. Et un père qui ne parle que de 1974, année où il avait déclaré forfait pour les arracher au sol à cause de la météo.minnemolinardriwht

Alors on laisse l’eau s’infiltrer (en espérant qu’Octobre 2013 ne ressemble pas à Octobre 2012) et on s’occupe des serres. On enlève courgettes et concombres (qui ont très bien travailler cette année, mais en même temps s’ils pouvaient être plus régulier dans leurs efforts, cela arrangerait tout le monde…) et on prépare le printemps : salade, mâche, épinard, radis… j’en profite pour semer les choux pointus, jeter un coup d’œil aux choux (pas très gros, mais pommés), aux navets (il y a encore de la marge)et à la serre poivron/aubergine (mais l’été ayant disparu…)

Premières tâches de mildiou dans les tomates, Octobre n’est pas loin. Quelques potirons tâchent d’orange le feuillage, il va falloir les ramasser.

Et après : betterave, carotte, céleri rave, radis noir…

Bonne semaine.

La gazette du 9 au 13 septembre 2013

lundi 9 septembre 2013

En principe, on devrait être aux patates. Sauf qu’il pleut et quand il pleut, on n’est pas aux patates. Donc mon père disparait avec son vito, nos hommes plantent les salades et moi, je me demande ce qui pourrait remplir les paniers (pas trop difficile) mais surtout qui ne prenne pas trop de notre temps. Pommes de terre oblige, surtout si le soleil apparaît.

Alors bien qu’un potiron de 10kg pourrait faire l’affaire pour les petits paniers, c’est peut-être un peu exagéré…

Donc, on profite de cette pluie pour cueillir nos tomates qui nous disent qu’il fait trop froid. Bref, il faudrait fermer les serres la nuit. On regarde nos épinards (encore un peu petits), nos navets (pas prêts d’être arrachés), nos panais (aussi beaux en-dessous qu’au-dessus) et mon grand-père qui passe en nous disant : « plus besoin d’arroser les carottes, elles sont assez grosses ! ». Oui, oui, Pépère, on lui dira de fermer le robinet. Si Dame nature pouvait écouter l’Ancêtre, cela nous ferait plaisir…

Et les choux… mon père a passé le broyeur au-dessus des choux. Donc l’herbe n’a plus de tête, et vous savez ce qu’on dit : « Quand on n’a pas de tête, on a des jambes »… Espérons qu’elle court chez le voisin !

Et les poireaux adorent ce temps : de l’eau (vendredi par l’arrosage), un petit buttage (histoire de lui masser les racines) et  de l’eau (aujourd’hui par le ciel). Résultat : une nette augmentation de la masse corporelle qui me donne envie de le taquiner, mais on n’a pas le temps… parce que les patates, les patates, les patates, les patates…

Et si mon père vous lance les légumes par la fenêtre cette semaine en repartant dans un crissement de pneu c’est parce que les patates, les patates, les patates, les patates…

Bonne semaine.

pommes de terre

La gazette du 2 au 6 septembre 2013

lundi 2 septembre 2013

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Savez-vous que l’A13 à 5h30 le matin, c’est beau ? Non pas que cela ait une grande importance à vos vies (ni à la mienne), mais c’est le constat que nous nous sommes fait avec Vitor samedi matin en attendant le dépanneur. Tout cela pour un pneu éclaté. La bonne nouvelle est que comme nous n’avons pas été dans le décor, on est tous là pour attaquer la rentrée. La mauvaise est qu’avec toutes ses émotions, on se sent tout raplapla pour finir de biner les choux… C’est la meilleure excuse que j’ai trouvé…

Pour les champs, c’est officiel, on est en automne : belles journées ensoleillées avec nuits fraîches. Ce qui en pratique fait mourir le basilic et ralentir les tomates et les courgettes. J’ai comme l’impression qu’on ne va pas tarder à attaquer le poireau…

Mais avant tout ça, on plante le persil et les bettes. Puis on coupe la tête aux potirons and co : pas pour le plaisir de la décapitation, mais pour les aider à faire mûrir les derniers fruits au lieu d’avoir des feuilles et des fleurs, après tout encore 4 semaines avant de les ramasser.

Ce matin, inspection des pommes de terre par le Grand Chef. La date de la grande bataille n’est pas encore placée mais la tension monte. Pour le divertir, on lui met les 100kg de sucre dans les bras, un tuyau d’eau, son tracteur avec le tonneau et une mission : traiter les carottes et les poireaux au sucre. Bref s’il est mignon et n’embête personne, il le fait tout seul et brille comme un sucre d’orge à la fin de la journée. S’il n’est pas mignon, il demande à quelqu’un de jouer au sucre d’orge à sa place, histoire d’avoir une machine à barbapapa au lieu d’une voiture (et vous savez comment sont les Portugais avec leur voiture…)

Et petite nouvelle : il semblerait que les endives n’ont pas aimé le printemps. Mon père a vu le phénomène dans les champs du Nord la semaine dernière avant de s’apercevoir que les nôtres faisaient pareil : elles montent. On a de belles fleurs bleues… On va les broyer pour voir si elles décident de repartir dans le droit chemin, sinon… sinon ce ne sera qu’un échec de plus.

Bonne semaine.

La gazette du 26 au 30 août 2013

lundi 26 août 2013

Semaine de pré-rentrée et déjà les parisiens sont sur les dents. Cela va être chaud… encore que ce n’est pas les haricots qui vont nous occuper.

Tout doucement, on reprend le rythme des livraisons : encore une de plus cette semaine. Et après, on s’y jette. Deux mois en apnée où le soleil sera notre seul repère. Mais en attendant ce charmant programme, on flâne un peu (qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour éviter le désherbage des choux…)

On commence à enlever les tomates pour y mettre persil et bette, tout plein de verdure pour Mars, s’il ne fait pas trop froid (parce que le -19°C d’il y a 2 ans ne leur a pas plu), ni trop maussade (parce que le temps grisonnant de l’année dernière non plus). Cela sera selon le bon vouloir de Dame Nature.

On va aussi se promener parmi les potirons où quelques potimarrons ont une belle tête de potimarron qui a bien mangé cet été : ventru et orange. Certes, tout n’a pas réussi et il faut compter quelques disparitions (mais  le plan de Carlos n’étant pas clair, je ne connais pas les victimes).

Et les patates… eh bien, elles sont petites. Enfin, une partie et celles qui devraient être grosses. A priori, mon père n’a pas assez pleuré sur leurs pieds pour les faire grossir. L’avantage est qu’il sera plus facile de faire pile 1kg. L’inconvénient est que le temps d’épluchage sera multiplié… Bref, trop d’eau pour les planter à l’heure, trop froid pour les booster, trop sec pour avoir du calibre. Mais trop essentielles à la survie de mon père pour les laisser dans le champ (et à celles de vos paniers, parce que sans choux, ni patates, il me reste… je vous ai déjà dit que le panais était magnifique, enfin, son feuillage…)

Bonne semaine.

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