Archives pour la catégorie ‘Dans les champs – la gazette de Céline’

La gazette du 16 au 20 décembre 2019

lundi 16 décembre 2019

pas sur sol givré chez SARL Renard, maraîcher bio, 78Dernières portes à fermer. Une année très, très intense qui s’achève. Du bien, du mal, de nouveaux départs, du travail, de l’argent, beaucoup de travail, de la fatigue, des peurs (et ça, nous en avons eu des frayeurs !), une nouvelle dynamique, de l’organisation, des idées, pas beaucoup de vacances, de l’agacement, des explosions de joie, des façons différentes de voir, des rencontres, des chemins qui ne mènent nulle part, des nuits courtes, de la déraison, de l’inspiration, des questions, du soleil, beaucoup de soleil, des journées infinies, des photos, des milliers de photos (sur tout, sur rien, sur nous)…

 

Cette semaine j’aurai 40 ans. Et je suis heureuse.

 

Parfois, je regarde la tâche que je fais, celles que je fais depuis des semaines, comme cueillir les fraises tous les vendredis de mi-avril à fin août et je souffle. Parce que c’est long, parce qu’il y a les haricots après et que l’horizon est plus beau ailleurs. Et je pense à ces fraises que je dévore, à mes envies de faire pipi après en avoir mangé tant, à l’agacement d’avoir vu Carlos de mauvaise humeur quand nous les avons plantées, parce que, oui, ce jour-là, je finissais plus tôt pour m’échapper, au soleil qui se lève, à la rosée qui perle au bout des feuilles de fraisier, à ces jours de pluie qui jouent leurs musiques sur mon imper, au vœu rituel fait lors de la dégustation de la première fraise annuelle, à leur odeur quand je passais près du tunnel à fraises quand j’étais enfant, au dessert de la fête des mères chez ma grand-mère, à mon frère qui vient nous en voler à la nuit tombante avec son fils, à la variété Surprise des Halles, référence de goût chez mes grands-parents mais pour laquelle je m’accroche à la table pour la manger tellement elle est acide. Pour toutes ces raisons et bien plus encore, je continue de faire ce métier avec plaisir. Ne vous y trompez pas, je n’aime pas les journées courbées en deux, ni la pluie et le froid, ni le manque de vacances, ni sa Raison d’Etat (reste de cours d’histoire quand on nous apprend que l’Etat passait avant toute chose pour Louis XIV), ni ces longues journées, ni ces instants où l’on pousse notre corps en portant et forçant plus que de raison parce qu’il le faut.

Cela tient à ce qui résonne en moi, un chemin emprunté par d’autres, à des sourires sur aux marchés et aux Amaps, à des conversations sur le sens de la vie, au bruit des vers de terre, au soleil qui se couche pour revenir peut-être le lendemain, aux idées qui nous traversent, au plaisir de réussir à faire grandir 9 fois sur 10 certains légumes, à la joie de profiter. Il y aura toujours des instants de ras-le-bol, mais le verre sera toujours à moitié plein et l’ivresse de la vie nous chuchote qu’il y a toujours plusieurs façons de nous nourrir…

Merveilleuses fêtes !

La gazette du 09 au 13 décembre 2019

lundi 9 décembre 2019

brouillard nov chez sarl renard, légumes bio, yvelinesLa semaine passée était mouvementée. Il y a eu le début du montage de serre, un peu à l’arrache par sa non anticipation. Il y a eu le froid qui s’est invité et qui a piqué nos douces mains. Il y a eu mon frère qui, même s’il ne travaille plus avec nous, nous fait encore tout l’entretien et n’a rien trouvé de mieux que de se couper l’auriculaire et l’annulaire avec une petite fracture ouverte du bras. Les doigts n’ont pas pu être sauvés, mais dans son malheur, cela aurait pu être pire. Heureusement, nous avons fini par une note joyeuse avec la distribution de l’AMAP Maurepas chez nous pour pouvoir accueillir ostréiculteur, producteur de viande de bœuf et de porc en même temps.

Mais reprenons du début, c’est au milieu de la brume que les hommes ont installé la carcasse de notre future productrice de tomates. Avec des températures où il ne faisait pas bon toucher la ferraille à mains nues. D’ailleurs, la brume s’est attachée à nous presque toute la semaine. Nous étions en vase clos où notre horizon ne dépassait pas vraiment la planche de légumes devant nous, rendant fantôme chaque silhouette sombre se dessinant derrière le voile blanc. Carlos et Olivier en ont profité pour remettre les carreaux manquant à la serre verre. Mercredi, Carlos apprend que son RDV avec le cardiologue est annulé par l’hôpital, puisqu’il n’est pas à l’article de la mort… et surtout Monsieur, évitez tout stress, ne forcez pas trop et à dans 6 mois! Mais sans blague… ? Et que veut dire ne pas trop forcer ? Bref, chaque battement qui défaille ne le laisse pas vraiment à l’aise… et les doigts de mon frère jeudi n’ont pas été pour lui faire ralentir son rythme cardiaque…

Mais c’était presque la fin de semaine, presque la fin de l’année, presque les vacances… 2019 n’est pas fini, donc je n’utiliserai pas le passé, mais pour le moment, elle est haute en couleur…

 

Merveilleuse semaine !

La gazette du 2 au 6 décembre 2019

lundi 2 décembre 2019

montage serre chez SARL Renard, maraîcher bio, yvelinesAujourd’hui, nous montons une nouvelle serre, enfin nous commençons. Je sais que beaucoup ont en tête la mer de serres en Espagne, et que vous rêvez de plein champ. Mais la réalité est ce qu’elle est et qu’il faudrait mettre nos lunettes. Oui, il fait super chaud l’été ces dernières années, sauf que l’été d’un légume n’est pas de 2 mois. Oui, une tomate est semée en février pour mûrir fin juin. Et si l’on ne se souvient que de fragments, il se trouve qu’entre février et juin, nous avons eu du froid et un peu trop d’eau en Mai, et aussi en Août. Donc sans serre vous auriez eu… ben… j’sais pas, moi… combien avez-vous eu de tomates dans vos jardins ?

Et il y a le problème des rotations. Parce que tomate, pomme de terre, aubergine et poivron, ils sont tous frangins. Alors dans l’idéal, il me faudrait un épinard, un fenouil, une courgette et un navet entre deux frères… sauf qu’en pratique, tout le monde aime la tomate et la patate, la patate et la tomate… beaucoup plus que le navet. Bref, un casse-tête jamais vraiment résolu, alors au fur et à mesure, des serres apparaissent pour palier à 50 ans de maraîchage au même endroit.

Donc nous préparons 2020. Le planning est (enfin) finalisé. Les commandes de graines (presque) passées. Le rangement en cours.

Surtout que les légumes feuilles se sont mis en mode hivernation et économisent le moindre effort de pousse. La feuille fraîche devient rare et nous travaillons sur nos stocks… en imaginant l’instant où, le 21 au soir, nous fermerons la porte pour 15 jours…

Merveilleuse semaine !

La gazette du 25 au 29 novembre 2019

lundi 25 novembre 2019

Olivier, Carlos et Tracteur, chez SARL Renard, producteur de légumes bio, 78

Parlons d’un sujet sérieux : le tracteur.

Personnellement, il ne me touche que peu, mon intérêt pour les véhicules n’est que restreint (mes filles m’applaudissent quand je réussis un créneau)et j’ai adopté la méthode de ma mère : ne pas savoir se servir d’un tracteur est toujours des choses qu’on nous demandera de faire en moins, MAIS il est symbole de pouvoir ici. Celui qui détiendra le volant aura un peu du Graal entre ses mains. L’autonomie à toute épreuve. Enfin, surtout celle vis-à-vis de la boue…

Donc vous l’aurez deviné, l’eau se mélangeant à la terre a mis fin à la suprématie du Vito-pas-du-tout-4×4 pour nous, pauvres femmes pendant que ces messieurs se pavanaient avec leur tracteur (ben oui, parce que c’est lourd une binette…)Perso, mes bras manquait de galbe, donc ma petite brouette me suffit et je pousse aussi fort que je suis bête quand elle s’enfonce… mais Laure ne s’avoue pas vaincue, et une idée a émergé : le tracteur Playmobil de l’Ancêtre ! Sur le principe, il passe partout. En pratique, il s’embourbe presque autant que la brouette… Notre consolation est de les voir pousser pendant que Laure accélère… quoi ?! Ce n’est pas utile… ? C’est tellement bon de les voir repartir habillés de boue…

 

Merveilleuse semaine !

La gazette du 18 au 22 novembre 2019

lundi 18 novembre 2019

céline au persil chez SARL Renard, producteur de légumes bio, yvelinesVous l’aurez deviné, nous étions sous l’eau. Pas tout à fait noyés, l’urgent a été notre credo ces deux dernières semaines. Carlos reprend doucement en attendant de savoir ce que « ne pas forcer » veut dire pour un cardiologue. Donc pas de charges lourdes, pas de contrariétés. Ce qui est un casse-tête pour notre métier. Une petite réorganisation s’imposait et les heures se remplissaient à vitesse grand V… Donc nous bouclons ce qu’il y a à rentrer pour être au point aux premières grosses gelées. Mais il y a quelques plantations (salades, mâches et choux pointus) qui attendent encore patiemment. Et Nelson a chopé une angine, rien de grave mais entre le jour férié, le handicap de Carlos, les absences de Nelson, le weekend du Grand Chef, cela donnait un peu le tournis pour tout faire avec presque la moitié des effectifs. Tout n’est pas fait. Le lapin blanc tourne encore autour de nous en chantonnant que nous sommes en retard, en retard, en retard… Nous agitons nos bras, soufflons beaucoup, râlons un peu, allons dans un sens, puis dans un autre, sortons la tête de l’eau deux secondes pour être efficients et non efficaces, et repartons…

Bref, plus que 5 semaines avant nos vacances et nous sommes bien contents d’avoir pris les 15 jours et non 10 comme nous le faisons souvent !

Merveilleuse semaine !

la gazette du 4 au 8 novembre 2019

lundi 4 novembre 2019

ciel mauve chez SARL Renard, producteur de légumes bio, 78Une semaine de soucis. Pourtant c’est la période de l’année où nous savourons la baisse de travail. Et bien non ! Notre ligne téléphonique a ouvert le bal. Bouygues a décidé de faire une OPA sur notre compte… ?! Constatant qu’il n’y avait plus moyen de se connecter, nous appelons notre opérateur qui nous indique que Bouygues était en train de mettre la main sur nos forfaits.

  • Ah… parce que vous ne changez pas… ?
  • Bah non…
  • Alors vous avez bien fait d’appeler parce qu’un peu plus, même les portables aurait été coupés…

Ah ! Ah ! La bonne blague… donc quand on vous dit qu’il faut impérativement envoyer une lettre de résiliation, il semblerait que non… Donc 10 jours que le manège dure. Orange nous a donc souvent au téléphone et notre mauvais esprit les soupçonne d’aller prendre un café quand il nous mette en attente pour faire genre nous-bossons-très-dur-pour-résoudre-votre-problème…

C’était la première contrariété.

La deuxième est plus pénible. Super Carlos a senti une brûlure à la jambe mercredi soir. Un poids sur la poitrine jeudi matin. Donc direction urgence. Ils l’ont gardé. Il s’ennuie ferme. Une malformation cardiaque de naissance a été détectée. Les analyses sont normales. Il attend pour un test d’effort. Et la brûlure pourrait être un caillot qui aurait pu être une embolie pulmonaire. Bref Super Carlos perd de sa superbe et prend son mal en patience…

Au final, cela a suffi pour pourrir notre belle humeur et il ne reste plus que l’atelier de découpe de citrouilles pour nous redonner le sourire…

 

Merveilleuse semaine !

La gazette du 28 octobre au 1er novembre 2019

lundi 28 octobre 2019

groupe SARL Renard, producteurs de légumes bio, 78L’heure a avancé. La nuit gagne un peu plus chaque jour et nous savons qu’il est temps de ranger les tuyaux d’arrosage. Il est temps de laisser couler 2019. Encore deux mois, et pourtant, nous la savons finie pour nous. Déjà, nous nous tournons vers 2020. Pour l’instant, aucune espérance, juste une mise en place. Savoir où seront les pdt nouvelles, le reste de la mâche et de la salade. Penser au semis de carottes. Et revenir à cette année : vidanger les enrouleurs, broyer l’herbe, prévoir l’enchaînement des rentrées. Céleris raves et radis noirs avant le 11 novembre. Mais les choux blancs ? Avant ou après ? Sans oublier le chou rouge qui ne commence qu’à pommer (ce saloupiaux !), non parce que, quand même, il y en a 800 dans le champ et maintenant qu’ils ont été binés et arrosés tout l’été, il serait de bon ton qu’ils nous donnent un petit quelque chose…

En attendant qu’ils se décident à être mignons ou pas, nous cherchons nos pas dans les brouillards matinaux, nous réfugiant auprès des épinards. Petits et pas trop mignons pour une partie, ils occupent nos après-midis. Petites pousses à déguster en salade, c’est une à une que nous les rangeons tout en pensant à ce qui nous prendra beaucoup, mais alors vraiment beaucoup moins de temps…

 

Merveilleuse semaine !

La gazette du 21 au 25 octobre 2019

lundi 21 octobre 2019

Carlos et les récoltes, SARL Renard, maraîcher bio, 78La mauvaise saison, celle où le soleil se cache de nous, celle où la nuit vole notre volonté, celle où les pulls s’accumulent sur nos corps, s’avance à nous. La chicorée devient pourpre. La pain de sucre perd ses épaisseurs vertes pour devenir blanche. Il est temps d’enlever les tomates pour y mettre la mâche. Et l’oïdium saupoudre nos courgettes. Nous regardons les pissenlits dont les feuilles ont maintenant percées les buttes et avons bien envie de commencer à les récolter (et à ce moment-là, vous avez la voix du Grand Chef (qui n’est pas toujours sourd) qui s’élève en rappelant que non, ils sont encore trop durs…). Les endives aussi sont bonnes à faire. C’était une idée de Mai. Une idée un peu folle. Une envie de fraises. Une très forte, parce que la première levée n’a pas survécu, donc nous avons insisté et resemé… maintenant, la question est de savoir si nous faisons ça bien : en silo en serre froide, sur les tablettes en serre chaude ? Ou à l’arrache, en plein champ avec des buttes. Question existentielle…

Au final, nous attendrons un peu pour y répondre. Les carottes pressent si nous ne voulons pas n’avoir que des massues… parce qu’elles n’ont aucune pitié pour les camarades mortes sous la chaleur. Elles ont pris TOUTE la place. Epicétou…
Merveilleuse semaine !

La gazette du 14 au 18 octobre 2019

lundi 14 octobre 2019

courge chez SARL Renard, producteur de légumes bio, 78Nous nous habituions bien à nos petits légumes d’été qui gardaient un rendement acceptable et tout à coup… la réalité se rappelle à nous. Les tomates se font plus frileuses et les courgettes se parent de blanc. Et peut-être aussi, vos envies de poireau nous montrent le chemin. Les choux fleurs entrent dans la danse et nous laissent les admirer avant que nous croulions sous eux… mais des jeux de lancer en perspective…. Bien que les garçons aient commencé en rentrant les courges, avec quelques déceptions : pas de Little jack, peu de Sweet dumpling et le potiron de Hongrie (réputé pour sa conservation) montre déjà des tâches qui nous susurrent qu’il finira sur nos pieds… donc, reste potimarron, butternut et courge musquée. La sucrine est déjà bien partie parce qu’elle nous montrait dès le départ qu’elle voulait être fourbe et pourrir dans nos caisses en bois…

Et en balle plus petites, ils ont continué avec la betterave. Naturellement, il reste nos carottes monstrueuses, enfin qui le seront.

Et entre temps, il y a les choux pointus à repiquer. Je sais, certains n’ont pas encore mangé leur première soupe que je parle déjà d’Avril 2020… heureusement, quelques bribes d’été s’accrochent pour nous ancrer dans le présent.

Merveilleuse semaine !

La gazette du 7 au 11 octobre 2019

lundi 7 octobre 2019


Entre une absence sur toute la semaine, les patates qu’il fallait ABSOLUMENT finir et les impératifs à l’école, c’est épuisé mais contents d’avoir tout bouclé que nous avons fini notre travail dans les champs !
Une nouvelle aventure s’ouvre : rentrer les courges. Et surtout désherber le persil en serre. Parce que pour le moment, il ne nous manque pas mais très vite, avec la nuit qui reprend toute la place, il poussera beaucoup moins vite. Donc anticipons ! Et passons quelques heures à ses pieds à lui rendre sa lumière.
Et comme nous en sommes à préparer l’hiver, il y a aussi les pissenlits à broyer et butter pour qu’ils grandissent à l’abri de toute lumière, gardant la blancheur de son cœur intacte.
Naturellement, le ciel a fini par chouiner un peu sur nous. Pendant les haricots… et nous espérons presque un coup de gelé assez fort pour les faire disparaitre. Mais bien au chaud dans notre combinaison verte plastique, il était presque agréable d’entendre la pluie toquer sur le rebord de nos capuches pendant que nos mains cherchaient les haricots au milieu de l’herbe (parce que oui, elle nous a un peu envahi ces dernières semaines…)
Bref, nous oscillons entre éclaircies et nuages, entre rêve d’abondance et de cheminée rougeoyante et commençons à compter les jours qui nous séparent de la fin de l’année…
Merveilleuse semaine !